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Union européenne

Le personnel de la Banque centrale européenne réclame des hausses de salaires et envisage une grève

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Le syndicat représentant le personnel de la BCE a rejeté la proposition de l'institution d'augmenter les salaires de 4,07%, la jugeant trop faible par rapport au niveau de l'inflation.

Contrairement à Christine Lagarde, les employés de la Banque centrale européenne (BCE) ne semblent pas craindre la formation d’une spirale inflationniste. Selon une information du Financial Times, Ipso, unique syndicat de la BCE, a rejeté la proposition formulée par l’institution d’augmenter les salaires de 4,07% en janvier 2023.

Si cette revalorisation est en nette hausse par rapport à celle de 1,48% obtenue en janvier dernier, elle demeure plus de deux fois inférieure au niveau de l’inflation en zone euro, ce qui signifie une perte de salaire réel pour les employés. Inacceptable pour le vice-président d’Ipso, Carlos Bowles: "Ce que la direction de la BCE nous dit, c’est ‘désolé, nous avons raté notre propre objectif d’inflation (qui est de 2%, ndlr) et maintenant, c’est vous, le personnel, qui allez en payer le prix'", explique-t-il au quotidien économique, ajoutant que Christine Largarde, présidente de l’institution, lui a fait comprendre qu’il n’y avait pas de place pour la négociation.

Une grève "pas exclue"

Une enquête d’Ipso menée auprès du personnel a révélé que "la grande majorité des collègues sont en colères" face à l’offre de la BCE, a assuré Carlos Bowles. Au point qu’une grève, rare au sein de l’institution de Francfort, n’est "pas exclue": "La consultation sur les rémunérations doit se terminer à la fin de l’année et nous déciderons en janvier si nous protestons", a poursuivi le vice-président d'Ipso.

De son côté, la direction de la BCE explique procéder à "une révision régulière et annuelle des salaires en suivant une méthodologie prédéfinie" qui permette de "refléter la dynamique salariale des institutions comparables" comme les 19 banques centrales de la zone euro ainsi que les autres institutions de l’Union européenne.

La BCE plaide pour la modération salariale

En novembre, l’inflation en zone euro s’est établie à 10% sur un an, marquant sa première baisse depuis 17 mois. Elle demeure malgré tout cinq fois plus élevée que l’objectif de la BCE. Dans ces conditions, la Banque centrale européenne plaide pour la modération salariale afin d’éviter le déclenchement d’une boucle "prix-salaires" qui rendrait l’inflation incontrôlable.

Fin novembre, l’économiste en chef de la BCE, Philip Lane, assurait encore que "la hausse des salaires sera le principal moteur de la hausse des prix au cours des prochaines années". Un argument qui ne tient pas pour Carlos Bowles qui s’appuie sur les récents travaux du FMI pour rappeler que l’augmentation des salaires ne conduit que rarement à une spirale inflationniste. Début octobre, l’institution de Washington estimait en effet que "la probabilité de spirales pérennes entre les salaires et les prix est limitée".

La dernière (et la première) grève à la BCE avait eu lieu durant 1h30 en juin 2009 pour protester contre la réforme du plan d’épargne retraite du personnel. Depuis, plus rien. En effet, les mouvements sociaux sont difficiles à organiser à la Banque centrale européenne "qui n’est soumise à aucune loi nationale et fonctionne selon ses propres règles, avec un ‘obligation de service minimum’ pour le personnel", souligne le Financial Times.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco